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Le blog d'un patriote
2 novembre 2009

De l'identité nationale...

Il est important de préciser en préalable que l'on a le droit d'affirmer être Français, fier de l'être, fier de l'Histoire de France, de ses valeurs, de ses racines, de ses principes, de son territoire. En un mot, on peut, on doit s'affirmer fier de la Nation, de la France.

Maintenant qu'entend-on par identité nationale française ? Et là, pour y répondre il est indéniable que cela ne peut relever que d'une construction et donc d'un rappel à ce que fut l'Histoire de France.

Or, faire appel à l'Histoire de France renvoie indéniablement aux racines historiques de la construction de la « Nation France ».

Or, l'identité nationale française est indéfectiblement liée à l'autorité de l'État. La France s'est construite par le « Haut », par l'État et non par le « Bas », le Peuple comme ce fut le cas en Allemagne. La construction de la France fut la volonté d'en haut, du pouvoir central monarchique puis impérial et républicain, basé sur la centralisation des pouvoirs à Paris, autour du Roi, puis du Chef de l'État, en limitant puis finalement en détruisant les pouvoirs provinciaux. A ce titre, la décentralisation constitue-t-elle une menace pour l'identité nationale ? Oui, lorsque l'identité régionale s'affirme au point de vouloir évacuer tout racine commune avec l'identité nationale. Non, lorsqu'elle ne constitue qu'une nuance à l'art national qu'est la Civilisation française (et j'utilise le mot civilisation à dessein). Ainsi, la puissance de l'État, la part et l'attachement de l'État (à la fois détesté et adoré) dans notre vie sont des composantes essentielles de la Nation française, bien plus que chez nos voisins européens. Ainsi, il paraît évident que déstructurer l'État français c'est remettre en cause une partie importante de notre identité, car la France s'est constituée par l'État.

L'État a donc un grand rôle à jouer dans cette redéfinition car auparavant il a structuré cette identité :

  • Par la constitution d'un espace national avec des frontières. Il s'agit de la longue lutte de la France pour acquérir ses frontières naturelles (Pyrénées, Rhin, Alpes, etc.). Notre identité nationale est donc indéfectiblement liée à... attention mot tabou... la terre ! Oui, la France est liée à sa terre.

  • Par l’imposition progressive, à partir de l’ordonnance royale de Villers-Côtteret (25 août 1539), d’une langue nationale, qui a été un moteur d'unification nationale. Il est évident par ailleurs que les langues régionales font partie de la richesse culturelle de la France mais il ne faut pas négliger le risque qu'il peut y avoir de fragmentation de la Nation à leur donner un statut égal à la langue française. Partant, nous avons raison de nous opposer à la Charte européenne des langues régionales. La langue française est un facteur d'unité dans une époque néo-libérale et multiculturaliste qui privilégie la diversité.

  • Par l'édification d'une administration centralisée de la monarchie capétienne à la République une et indivisible en passant par l'Empire unitaire et préfectoral. Alors que le Peuple français est divers, la centralisation a été un moteur d'unité et de mise en commun de tous les Français qui faisait qu'un Flamand était tel le Roussillonais. De ce point de vue, la décentralisation et les revendications autonomistes sont une menace pour notre identité.

  • Par une société qui s'est toujours voulue indépendante de la religion jusqu'à la séparation des Églises et de l'État en 1905. L'État a toujours revendiqué son indépendance envers le pouvoir religieux, que ce soit par la conversion toute politique de Clovis, les conflits de Philippe le Bel avec le Pape, le gallicanisme de Louis XIV, la volonté de contrôle de l'Eglise par le pouvoir politique et le Concordat napoléonien. La France, bien que Fille Aînée de l'Eglise, a toujours refusé sa subordination du temporel au spirituel assumant sa vocation laïque.

  • Par la mise en place progressive de l'École nationale, uniformisée sur l'ensemble du territoire avec des programmes patriotiques communs et des épreuves communes, et quelque soient les origines sociales, géographiques des élèves. C'est l'affirmation de l'égalité française qui passe par l'École. L'École a transmis pendant des générations la fierté d'être Français et les valeurs de notre Nation, dont la citoyenneté est un des corolaires. Elle ne remplit plus que très mal cette fonction : il faut que de nouveau elle le fasse, sous peine de perdre une grande partie de notre identité.

  • Par l’égalité de tous devant la loi. Il s'agit du fameux héritage révolutionnaire des Français qui n'admettent pas les privilèges et la possibilité que quelqu'un puisse sortir du lot et s'élever (ce qui peut alors dévenir un égalitarisme nivelant quand il faudrait plutôt promouvoir une égalité méritocratique permettant à chacun une ascension). Néanmoins, cette égalité devant la loi est structurante. Cela signifie que tous les Français sont soumis à la même loi, sont égaux devant la justice, l'administration et donc qu'aucune partie de la population ne peut être favorisée. La logique communautariste souhaite remettre en cause cette valeur : il faut résister.

  • Par la construction d'une citoyenneté française aux fur et à mesure des siècles. Celle-ci se construit en rapport personnel avec le chef, qu'il soit Roi, Empereur ou Président de la République qui tous sont élus (même les Rois avec la cérémonie du sacre et la symbolique des douze pairs du Royaume). Celle-ci s'est renforcée à partir du milieu du XIXe siècle, avec l'établissement de règles donnant accès à notre nationalité pour les étrangers par la loi, notamment par celle du 26 juin 1889 (et aussi par un mécanisme républicain d'assimilation de nos immigrés contre le modèle communautariste et multiculturaliste) ; l'instauration du suffrage universel en 1848 de nouveau supprimé par l'Assemblée en 1850 et restauré pleinement et définitivement en 1851 par Napoléon III ; l'engagement politique passionné des Français étant naturellement divisés depuis la Révolution mais sachant se retrouver autour de grandes valeurs communes, les grandes messes électorales des présidentielles devant servir à restaurer l'unité derrière l'« Élu » ; la mission et la vocation universaliste de la France (alimentée par l'École) ; les droits sociaux acquis au fil des siècles et les libertés fondamentales reconnus qui permettent de rendre concrète la devise « Liberté, Égalité, Fraternité ».

Il est évident ensuite que l'on ne peut faire l'impasse sur les racines culturelles de la France. Or qu'elles sont-elles ?

  • Des racines gréco-romaines...

Déjà nos racines sont liées à la culture gréco-romaine. Certes, nous parlons avec ironie de « nos ancêtres les Gaulois », mais nous avons en réalité bien plus d'héritage des Romains ! Nous sommes même la Nation qui en a le plus hérité de par son organisation, son inspiration, son droit, etc. La France est indissociable de l'héritage de l'Empire romain, ainsi que de l'héritage culturel, philosophique et politique – au travers de la lointaine notion de démocratie – des Grecs.

  • … Mais également chrétiennes :

Par la suite, la France a indéniablement, en tant que « Fille Aînée de l'Église », des racines chrétiennes et même plus : catholiques. Alors, certes, la France doit être laïque, et il est évident que la laïcité étant structurante de l'identité française, encore plus depuis que la France est devenue une République, la remettre en cause ne ferait que rouvrir des blessures, des plaies et de potentiels conflits. Cependant, l'on ne peut nier que le catholicisme a structuré la pensée française, l'Histoire de France (que ce soit en lutte contre l'Église ou par les apports de la religion). La France fut la première Nation héritière de l'Empire romain officiellement chrétienne, a eu le premier Roi barbare baptisé, a toujours eu un lien privilégié avec le catholicisme (d'où le fait que l'affirmation laïque de l'État français a fait bien plus de remous que le détachement d'autres États). Mais pas seulement : les idées de tolérance (liées à l'amour), notre propension à l'égalité, notre souci de justice sociale, etc. sont directement influencés par notre héritage philosophique chrétien. La France ne serait donc pas la France sans le christianisme.

  • Une Nation humaniste...

Après le Moyen-Âge, la France fut aussi une des terres les plus fertiles d'un courant de pensée ô combien grand et rénovateur de la pensée philosophique occidentale : l'humanisme. En mettant l'homme au centre de la pensée philosophique, les humanistes ont révolutionné nos « idéologies » (pour autant que l'on puisse parler d'un tel terme à cette époque). La France en a été une terre d'accueil, un souverain marquant plus que les autres cette époque : François Ier. La France en gardé nombre de préceptes : diffusion à tous du plus grand savoir possible, tolérance, libre-arbitre, indépendance, ouverture d'esprit, rationalité.

  • … Éprise de liberté et d'indépendance...

Deux siècles plus tard, la philosophie des Lumières, en droite ligne de l'humanisme, lui apporte un enrichissement supplémentaire. Elle constitue également un des piliers de notre identité nationale, car sans elle pas de Révolution, pas de République, pas de laïcité... Ainsi, les Lumières aboutissent sur la remise en cause des ordres « naturels » assurant la prédominance du clergé et de la noblesse sur le tiers-état, et voient les premiers pas vers la laïcité se dessiner (assurant le triomphe de la raison). Les idées de liberté se développent en même temps qu'apparait une nouvelle conception la souveraineté nationale (avec Montesquieu) puis la souveraineté populaire (avec Rousseau). Elle creuse donc, comme je le disais auparavant, le terreau d'un autre point très important de notre identité nationale : la Révolution française.

  • … Concrétisant son originalité dans la Révolution française...

Contrairement à certains historiens qui relativisent depuis vingt-cinq ans son caractère unique et la mettent en relation avec les révolutions se déroulant ailleurs à la même époque, la Révolution française est bel et bien particulière, exceptionnelle, de par son inspiration philosophique, son retentissement mondial, temporel et politique. Ainsi, c'est elle qui structure fondamentalement nos modes de pensée philosophique, politique et institutionnel depuis deux cents ans et encore aujourd'hui : la conception gauche-droite, l'égalité entre tous, la liberté individuelle, l'unité et l'indivisibilité du territoire national, la conception même de Nation et le nationalisme/patriotisme qui lui est associé, La Marseillaise, la laïcité, notre modèle institutionnel (synthèse du parlementarisme républicain, de la monarchie centralisatrice, du bonapartisme populaire) sont directement induits par celle-ci.

  • … Et assumant sa « destinée manifeste » :

Mais elle donne aussi à la France sont statut particulier, sa place à part dans le Concert des Nations : celui de Patrie des Droits de l'Homme, à la mission universaliste, libératrice des Peuples, modèle de liberté, d'égalité, de fraternité, et j'en oublie toujours... Le rôle des guerres napoléoniennes a été essentiel afin de permettre sa diffusion au refuse du monde, car, que ce soit par adhésion (enthousiasme pour les idées révolutionnaires et diffusion en conséquence) ou par rejet (volonté de résister à l'hégémonie française et diffusion de nos valeurs pour les contrer et diffuser la propagande contre-révolutionnaire), les Peuples européens vont avoir accès aux préceptes révolutionnaires français, à leurs idées : cela donnera le Printemps des Peuples de 1848, puis après, un irrésistible mouvement de démocratisation partout en Europe. Pour aboutir aujourd'hui au projet magnifique d'Union européenne, club de démocraties pacifiées et plus solidaire qu'aucune autre région du monde. La France est indissociable de la « Grande Révolution ». Et elle apparaît alors comme un modèle tel qu'un exemple de civilisation, à tel point que les libéraux allemands nous surnomme « la Grande Nation ». Il est vrai qu'elle apparaît alors pour les libéraux européen et sud-américain du XIXème siècle comme LA... « Civilisation ».

Delacroix

Alors voilà... État français, civilisation gréco-romaine, christianisme (catholique), humanisme, philosophie des Lumières (idéal de liberté et de souveraineté), Révolution française patriotique et sa diffusion au reste du monde et j'en passe perpétuellement... Voilà ce qui a fait la France, et qui doit encore la constituer, sous peine que la France ne soit plus la France.

Mais la France ne peut continuer à vivre que par les Français.

Certains diront que j'ai oublié des pages noires ou grises (Vichy, l'esclavage, les guerres de religion, la colonisation, etc...), et à ceux-ci je leur répondrai par une citation d'Ernest Renan : « L'essence d'une Nation est que tous les individus aient beaucoup de choses en commun, et que tous aient oublié bien des choses. » On ne peut construire une Nation en ressassant les erreurs du passé, on ne peut qu'en exaltant ses hauts faits.

La France ne pourra vivre que par les Français et ce qu'ils se feront de l'idée de leur Nation, mais ils ne le pourront en négation du passé. A cet égard, une nouvelle citation de Renan convient parfaitement : « Une patrie se compose des morts qui l'ont fondée aussi bien des vivants qui la continuent ».

Pour terminer, il est possible d'affirmer une chose : chaque Nation est unique ; mais la France est, elle, exceptionnelle.

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Commentaires
B
Site très intéressant, merci pour le lien. :)
C
Bonjour, voici mon site sur l'Histoire de France : http://chroniquehistoire.blogspot.com/<br /> <br /> informations : http://chroniquehistoire.blogspot.com/p/presentation-du-site.html
M
Voilà ce que certain penses de la patrie<br /> <br /> http://www.youtube.com/watch?v=UEzox6CEC68
R
Hello c'est Requiem du Forum jeunesse UMP.<br /> Je te félicite pour cet essai, je m'y retrouve en bien des points et je suis heureuse de constater qu'il existe des jeunes gens encore capables d'une telle reflexion. <br /> Connais-tu le Bloc Identitaire ? j'aimerai connaitre ton avis sur ce parti.<br /> http://www.bloc-identitaire.com/courant-identitaire/faq
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  • Étudiant à Sciences Po Rennes, croyant ardemment en la volonté politique, ferment de l'action publique et, partant, refusant la fatalité, il m'est apparu naturel de contribuer au débat démocratique au travers de ce blog et par Internet, espace de liberté.
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