J'aurai attendu presque quatre ans...
Pour une fois je suis fier de lui. Je ne pensais pas le dire d'ici la fin de son quinquennat, avant un très (très) hypothétique second mandat pour lui. Mais oui. Aujourd'hui, je peux le dire : j'aurai été fier de Nicolas Sarkozy. Après près de quatre ans de mandature, Nicolas Sarkozy s'est enfin montré à la hauteur de la France, de son histoire et s'est enfin débarrassé de son atlantisme (juste sur ce sujet, entendons-nous !) ; car après avoir reconnu le Conseil national de transition libyen, il en a rencontré les représentants à l'Élysée ce matin. Il a enfin choisi l'« option farfelue » comme le dit si bien François Miclos sur Causeur. Mais qu'est-ce que l'option farfelue justement ? François Miclos encore une fois, la définie bien mieux que moi, je ne peux faire que le citer :
« L’option farfelue, c’est la politique de la France ! Elle ne date pas d’hier et court tout au long de l’histoire de France. Malraux l’a théorisée dans les Antimémoires. Elle va de Philippe Le Bel, qui proclame « Roi de France est empereur en son royaume » contre la volonté hégémonique des Impériaux, jusqu’au général de Gaulle qui, en juin 1940, dénombrait parmi ses ralliés les plus farfelus des Français : francs-maçons, juifs, membres actifs d’une petite association bien gentillette qu’on appelait l’Action française, marins de l'Île de Sein. Et Vercingétorix, Du Guesclin, Roland sonnant du cor à Roncevaux, Jeanne d’Arc, Jeanne Hachette, Gambetta mal rasé, mal coiffé, saoul comme un âne du soir au matin, mais levant en six mois une armée de trois cent mille hommes : nous sommes un peuple d’aventuriers. La France, quand elle est fidèle à elle-même, qu’elle a rendu à ses voisins allemands le costard vert-de-gris qui la boudine, est un pays farfelu. »
Tout es dit en un paragraphe. Pour une fois, Nicolas Sarkozy s'est montré à la hauteur du costume présidentiel qui est le sien, mais qui paraissait bien trop large et bien trop grand (je vous assure, il n'y a aucune allusion à sa taille !) et il a agit tel qu'il le devait : en président de la République française. Idéaliste, moi ? Certes, oui concernant une certaine idée de la France ! Peut-être, et je l'espère tout à la fois pour lui et pour la France, l'histoire retiendra qu'il aura été le seul chef d'État à tendre la main aux insurgés, comme – toute proportion gardée – Churchill fut le seul à reconnaître la France Libre du Général de Gaulle comme la véritable France – ce qu'elle était – quand toutes les autres nations reconnaissaient l'autorité, dite « gouvernement français », de Vichy, c'est-à-dire la fausse France.
« Les Libyens disent merci à la France pour son soutien »
Aujourd'hui, alors même que le fils Kadhafi affirme avoir financé la campagne électorale de Nicolas Sarkozy en 2007 (comme si le président de la République était si bête qu'il ne pouvait comprendre qu'en lâchant Kadhafi celui-ci se vengerait ainsi, si c'était vrai... et quand je pense que certains accordent plus de crédit aux propos d'un des fils d'un dictateur sanguinaire qu'à ceux d'un dirigeant, qui plus est le nôtre, élu démocratiquement !), il faut cependant aller plus loin, comme l'a si bien dit David Desgouilles. Après avoir bombardé la capitale d'un allié traditionnel, comment pourrait-on avoir peur de bombarder avec nos avions quelques bases militaires et aériennes ? En 1939, lorsque la Pologne fut envahie et que, la première, la Grande-Bretagne a déclaré la guerre à l'Allemagne nazie, entrainant derrière elle la France, a-t-elle attendue l'aval de la SDN ? Non. Elle a agit (enfin... elle a déclaré la guerre) parce que c'était là son devoir. Aujourd'hui que la France a reconnu le CNT comme l'organe légitime (bien que illégal) de la Libye, elle doit aussi agir. Les Etats-Unis ne sont pas d'accord ? L'Allemagne de Merkel fait des petits calculs d'épiciers trouillards et veut l'accord du Conseil de sécurité de l'ONU ? Autant condamner à mort les insurgés, car la Russie apposera toujours son veto. La Grande-Bretagne aussi veut agir, peut-être cette fois-ci sera-ce à notre tour de les entrainer derrière nous...
« Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts » avait dit le président du Conseil Paul Reynaud en 1939. Cette fois-ci, nous pouvons réellement le dire. Si la France décide d'engager une flotte aéro-navale, les « loyalistes » seront écrasés. Je ne suis pas un va-t'en-guerre belliqueux, mais je crois qu'il y va de l'honneur de la France, désormais. J'aurai attendu presque quatre ans, mais j'aurai pu dire que sur au moins un sujet j'aurai été fier de la voix de la France qu'est censé incarner Nicolas Sarkozy. Il ne tient qu'à lui de continuer et d'agir comme le veut la tradition française : en farfelu.